Une symphonie spectaculaire et silencieuse
Le « Silence spectaculaire » est une petite représentation photographique-musicale, emblématique non seulement de cette période dramatique de notre histoire, à savoir la crise du coronavirus et ses conséquences sur nos rapports sociaux, mais aussi sur l'art d'aujourd'hui car il existe une osmose entre le monde des images et celui des sons comme elle existe aussi entre l'ambiance urbaine de deux grandes cités européennes et l'espace intérieur de chacun d'entre nous.
Le quotidien de la pandémie est raconté à travers des fragments du réel (ceux que nous avons tous eu l’occasion de voir sur le vif, mais aussi à partir d’images issues du flux ininterrompu des médias), ces images de désolation et de solitude apparaissent dans leur succession comme les parties rassemblées d'une grande mosaïque.
Sur ces fragments de vie urbaine, Yolita René crée une sorte de « symphonie photographique » de douze minutes, articulée autour d'un prélude et de cinq mouvements, chacun d'entre eux étant constitué d'éléments thématiques homogènes.
Un contrepoint d’images en noir et blanc et d’images en couleur, entre des scènes ouvertes et d'autres centrées sur d'infimes détails, de formats et de tailles divers. Un voyage à travers un silence « contagieux », composé d’images et de sons, qui semblent émerger de ces images mêmes.
Pour cette symphonie, Dominykas Digimas a créé une musique épurée, d’une grande expression condensée, dans laquelle semble se fondre l'hérédité du style monastique, minimal et radical, hérité de son maître Rytis Mažulis avec des échos de musique orientale et rituelle qui évoquent un mood typiquement balte, à la fois suspension et introversion, aphasique seulement en apparence, mais en réalité capable en quelques notes de toucher à un sentiment de profondeur devant les choses et les êtres. La musique de Digimas souligne particulièrement bien le changement de notre perception en cette période singulière, la stupéfaction qui nous saisit en revoyant nos semblables, la révélation d'un nouvel espace urbain différent de celui auquel nous étions habitués, un espace radieux et plein de poésie.
Le très bref et frénétique prélude introduit le premier mouvement (Absences) dominé par des accords succincts, isolés, sur des registres divers, sorte de tintements tristes qui accompagnent des images de rues désertes, d’espaces immenses, comme abandonnés par les humains.
Dans le deuxième mouvement (Solitudes), des tintements sur une ligne harmonique étendue, semblent introduire des figures solitaires sur fond d’architectures géométriques, ponts, avenues, files d'autobus, chariots de supermarchés et grandes façades colorées de peintures murales.
Dans le bref mouvement central (Distances) une longue turbulence ponctuée de sons aigus, comme des grincements, constitue la bande sonore des photographies où les personnes apparaissent non plus isolées, mais en couples, en petits groupes et commencent à se réapproprier leur ville.
Dans le quatrième mouvement (Résonances), les mêmes tintements métalliques du deuxième mouvement alternent avec des bulles harmoniques qui semblent affleurer au loin comme l'espérance d’une renaissance pour les êtres humains qui à nouveau bougent, commencent à sourire, à applaudir, à danser au milieu d'une rue, à jouer au ballon, à se montrer aux fenêtres, animant ces façades auparavant théâtralement silencieuses.
Lors du mouvement final de cette symphonie photographique (Masques), une ligne harmonique emplit graduellement l’espace sonore et évoque une pulsation, comme le sang dans les veines : les masques de formes variées sur les visages des plus jeunes et des plus anciens, des cyclistes et des militaires, des hommes et des statues participant d’un élan créatif, remplissent l’espace urbain de couleurs et de vie.
Les bouches sont couvertes mais les yeux sourient. Leur silence se donne en spectacle !
Le quotidien de la pandémie est raconté à travers des fragments du réel (ceux que nous avons tous eu l’occasion de voir sur le vif, mais aussi à partir d’images issues du flux ininterrompu des médias), ces images de désolation et de solitude apparaissent dans leur succession comme les parties rassemblées d'une grande mosaïque.
Sur ces fragments de vie urbaine, Yolita René crée une sorte de « symphonie photographique » de douze minutes, articulée autour d'un prélude et de cinq mouvements, chacun d'entre eux étant constitué d'éléments thématiques homogènes.
Un contrepoint d’images en noir et blanc et d’images en couleur, entre des scènes ouvertes et d'autres centrées sur d'infimes détails, de formats et de tailles divers. Un voyage à travers un silence « contagieux », composé d’images et de sons, qui semblent émerger de ces images mêmes.
Pour cette symphonie, Dominykas Digimas a créé une musique épurée, d’une grande expression condensée, dans laquelle semble se fondre l'hérédité du style monastique, minimal et radical, hérité de son maître Rytis Mažulis avec des échos de musique orientale et rituelle qui évoquent un mood typiquement balte, à la fois suspension et introversion, aphasique seulement en apparence, mais en réalité capable en quelques notes de toucher à un sentiment de profondeur devant les choses et les êtres. La musique de Digimas souligne particulièrement bien le changement de notre perception en cette période singulière, la stupéfaction qui nous saisit en revoyant nos semblables, la révélation d'un nouvel espace urbain différent de celui auquel nous étions habitués, un espace radieux et plein de poésie.
Le très bref et frénétique prélude introduit le premier mouvement (Absences) dominé par des accords succincts, isolés, sur des registres divers, sorte de tintements tristes qui accompagnent des images de rues désertes, d’espaces immenses, comme abandonnés par les humains.
Dans le deuxième mouvement (Solitudes), des tintements sur une ligne harmonique étendue, semblent introduire des figures solitaires sur fond d’architectures géométriques, ponts, avenues, files d'autobus, chariots de supermarchés et grandes façades colorées de peintures murales.
Dans le bref mouvement central (Distances) une longue turbulence ponctuée de sons aigus, comme des grincements, constitue la bande sonore des photographies où les personnes apparaissent non plus isolées, mais en couples, en petits groupes et commencent à se réapproprier leur ville.
Dans le quatrième mouvement (Résonances), les mêmes tintements métalliques du deuxième mouvement alternent avec des bulles harmoniques qui semblent affleurer au loin comme l'espérance d’une renaissance pour les êtres humains qui à nouveau bougent, commencent à sourire, à applaudir, à danser au milieu d'une rue, à jouer au ballon, à se montrer aux fenêtres, animant ces façades auparavant théâtralement silencieuses.
Lors du mouvement final de cette symphonie photographique (Masques), une ligne harmonique emplit graduellement l’espace sonore et évoque une pulsation, comme le sang dans les veines : les masques de formes variées sur les visages des plus jeunes et des plus anciens, des cyclistes et des militaires, des hommes et des statues participant d’un élan créatif, remplissent l’espace urbain de couleurs et de vie.
Les bouches sont couvertes mais les yeux sourient. Leur silence se donne en spectacle !
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